Courrier informant du décès de Octave Nocquet et André Fouchier



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    La déportation de Marie et Octave Nocquet

    Marie et Octave furent arrêtés dans leur ferme de Bourgneuf de Prailles le 18 avril 1944 dans le cadre de "l'affaire Gibeault". Transférés à la prison de la Pierre Levée à Poitiers , ils sont alors séparés et ne devaient plus se revoir. Ironie du sort ils furent pendant quelques mois à 230 km l'un de l'autre alors que 1400 km les séparaient de leur foyer. Le même jour la famille Fouchier, Maxime , Léona et leurs fils André et Louis fut arrêtée.

    Seule Marie échappa à la mort.

    Octave fut déporté, par le convoi parti de Compiègne le 4 juin 1944, au camp de Neuengamme à 25 km au sud-Est de Hambourg où il devait décédé le 3 avril 1945 peu de temps avant la libération du camp. Il avait du voir André Fouchier qui décéda le 5 novembre 1944 dans le même camp.

    Marie rejoignit le camp de Romainville, antichambre des camps de femme. 3800 femmes y furent internées et 90% partirent vers Ravensbrück. Elle a le matricule 41113
    Elle y fait la connaissance de celles qui resteront ses fidèles amies jusqu'à la fin de ses jours Marcelle et Juliette Molins, libraires à Ille sur Têt, et Mercédès.

    Transférées par le convoi du 25 mai 1944 tout d'abord à Ravensbrück puis le 20 juillet 1944 à Leipzig-Shonefeld où elles arrivèrent 3 jours plus tard dans des wagons à bestiaux plombés, sans eau et sans nourriture. Dans ce kommando le travail de 5000 femmes était vendu aux usines de guerre allemandes. Elles étaient employées à la fabrique d'obus et pièces de V2. Elles vivent sous une discipline de fer, dévorées par la vermine et sans nourriture suffisante. Sans cesse punies elles vivent dans la peur d'un retour vers Ravensbrück, ses chambres à gaz, son crématoire, l'odeur de chair brulée qui envahit tout le camp.

    En avril 1945 la fin de la guerre se profile.Juliette et Marie ont transcrit les évènements de la période du 13 avril au 20 mai 1945 entre leur départ du camp et l'arrivée à l'hôtel Lutétia à Paris. Ces notes hâtivement prises pendant les évènements sont complétées par un article que Juliette écrivit pour la revue des amis du vieil Ille pour le 50ème anniversaire de la libération des camps.

    Le récit de Juliette Le récit de Marie L'article de Juliette 1995 Le témoignage de Marcelle

    Le site de la fondation pour la mémoire de la déportation permet de compléter certaines informations
     
     
    Texte de Suzette Favreau, petite-fille de Octave et Marie Nocquet sur le site généanet


    Carte envoyée par Octave Nocquet depuis le camp de Neuengamme 29 juillet 1944

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      Cousines germaines, le lien et le soutien

      --Alida Chauvineau est née en 1875 à Prailles de Pierre Chauvineau scieur de long et de Julie Lavault
      C’était ma grand-mère côté paternel.

      --Adéline Lavault est née en 1873 à Prailles de Henri Lavault tisserand et de Suzanne Morillon. C’était la mère de Léona Eugénie Rivault et la grand-mère des enfants Fouchier déportés. Henri et Julie Lavault étant frère et sœur, Adéline et Alida étaient cousines germaines avec seulement un écart de deux ans à leur naissance. Elles furent donc toujours très proches par leurs lieux de vie d’après les recensements que j’ai consultés sur Prailles et la Couarde aujourd’hui réunies en une seule commune depuis 2019.

      --En 1886 Alida a 10 ans, vit à la Bouctière avec ses parents et deux frères, Pierre 16 ans, Henri 2 ans.

      --Adéline a 12 ans, vit à Maisoncelles avec sa famille et deux frères également, Henri et Émile. Si l’on compare les évènements qui ont jalonné leurs vies, on constate que toutes les deux ont souffert de deuils ou difficultés importantes.

      --En 1893 le 14 novembre, Adéline, célibataire, met au monde une fille, Léona Eugénie qui prendra le nom de Rivault seulement lors du mariage d’Adéline avec Charles Rivault le 17 juillet 1897 à Prailles. Charles a 35 ans, domestique dans la commune, Adéline a 23 ans, réside chez ses parents à Maisoncelles.

      --Alida s’est mariée début 1894 avec Amand Savariaux et viendra vivre à l’Hermitain où elle y passera toute sa vie jusqu’en 1956 année de son décès. Son premier enfant Ulysse va naître en décembre de la même année. Là encore Léona et Ulysse ont du jouer ensemble et la vie a dû être tranquille jusqu’en 1900. L’année 1900 était une année de sécheresse et le père d’Alida à la Bouctière voulut creuser un puits devant chez lui. Le 25 septembre il va périr asphyxié par les gaz employés pour cet ouvrage. Son fils Henri 17 ans en voulant le secourir y perdra aussi la vie le 30 septembre. Le père Pierre et Henri furent enterrés dans le cimetière proche de la maison qui fut construit juste pour eux deux. La famille Lavault était forcément là afin d’aider Julie la veuve mais également Alida qui perdait père et frère. Pourtant le fils aîné Pierre qui avait perdu sa femme en 1898 et avait un enfant Marcel né en 1895 va se remarier le 3 octobre 1900 avec Marie Benoist, il aura un autre enfant Émile né en 1902.

      --En 1902, Alida avait tant de travail à l’Hermitain que cela ne lui a pas permis de se plaindre, en effet Amand avait acheté du terrain et souhaitait construire maison et scierie afin d’être autonome dans son travail d’exploitant forestier. Julie va se remarier avec François Villaneau et restera vivre à la Bouctière dans une maison proche de celle du drame. C’est le fils Pierre qui y vécut un temps avant de partir à Paris comme limonadier et de revenir plus tard à Chavagné où il finira sa vie. Julie va décéder à l’Hermitain en 1920.

      --Adéline non plus ne vivait pas des jours heureux puisqu’en 1901 elle va divorcer de Charles Rivault (Tribunal de Melle du 29 janvier 1901). Mais le 19 mai 1902, à Prailles à nouveau, elle se remarie avec Jean Alexandre Fouchier 36 ans dont les parents Jean Fouchier et Louise Monnet vivent à la Gravette. A-t’elle vécu aussi à la Gravette avant 1902 ? Je ne sais pas. On la retrouve en 1906 avec mari et fille Léona à Maisoncelles avec ses parents.

      --Léona Eugénie va se marier avec Maxime Fouchier de La Gravette le 25 octobre 1919 à Prailles et ils auront deux fils Louis en 1920 et André en 1921.

      --Charles Rivault avait dû rester à la Gravette car il va y mourir le 8 mars 1929. On peut donc penser qu’Adéline reviendra vivre à la Gravette après le décès de son premier mari. Pourtant son deuxième mari Jean Alexandre va décéder le 25 décembre 1937 à Maisoncelles, alors comment savoir ?

      --Adéline n’est peut-être revenue qu’en 1938 un an avant le début de la guerre 1939/45 ? (je n’ai pas trouvé le recensement de 1936 à Prailles).

      --Alida en 1907 aura un autre fils Léo, mon père, qui sera mis en nourrice deux ans à Melle (il y avait eu un décret afin de surveiller et protéger les enfants nouveaux-nés car il y avait beaucoup de décès). Ce petit Léo a grandi ensuite à l’Hermitain et jusqu’en 1914 tout allait bien, il y avait beaucoup de familles cousines dans les environs immédiats et celles-ci se retrouvaient souvent, entre autre pour les ballades au muguet dans la forêt de l’Hermitain le premier dimanche de mai. Je mets deux ll à ballade car en effet il y avait le bal mais aussi toutes les promenades et festivités diverses. C’était un grandoncle Savariaux, Olivier, le frère de Amand qui tenait le café de la Cantine et fabriquait pour l’occasion un grand nombre de tourteaux fromagés ! L’arrivée du tramway en 1901 y était pour beaucoup ! Tout cela à nouveau va se terminer avec la guerre de 1914/18 où Ulysse va partir en 1915 et sera porté disparu à la cote 304 de la bataille de Verdun le 5 mai 1916. Je suis certaine alors qu’Adeline fut présente pour sa cousine Alida et consoler Léo qui était le seul enfant désormais. Passer de la première guerre mondiale à la deuxième n’est pas plaisant et pourtant la encore en 1944 Alida était là ! Ma sœur Paulette m’a rapporté que le lendemain de la rafle de ces deux familles Nocquet et Fouchier, Alida, Paulette et sans doute Léo partirent à pied afin d’aller à la Gravette depuis l’Hermitain, emmenant avec eux une jeune réfugiée polonaise afin d’apporter de l’aide à cette pauvre Adéline à laquelle on avait enlevé tout ce qui lui était le plus cher ! Comment imaginer également ces deux enfants Nocquet qui en rentrant de l‘école n’ont pas retrouvé leurs parents ? Curieusement, je ne suis jamais allée dans ces deux villages de Bourgneuf et la Gravette, de même que mes parents n’en ont jamais parlé, du moins devant moi, je ne les ai jamais vu pleurer non plus ?! La fin de la guerre en 1945 aurait dû être une fête mais à l’Hermitain je ne me souviens pas que ce fut le cas. Heureusement pour moi, il est encore temps de me souvenir et de partager ce petit témoignage.

      Je remercie la municipalité de Prailles-la Couarde d’avoir préparé ces cérémonies pour le 80e anniversaire du 8 mai 1945.

      Se souvenir encore et encore et transmettre afin de ne pas oublier !

      Ginette Savariaux Avril 2025

      Témoignage Maurice Fougère


      La société de battages de Prailles et les liens avec l’arrestation de la famille Fouchier le 18 avril 1944.
       
      1-      De la vapeur à l’électricité

      Mon père, Monsieur Aleide Fougère était le Président de la société de battages de Prailles (79370). Un incendie avait été provoqué par la locomobile à la ferme de la Guittonerie en l’été 1942, je crois. La grange et l’étable de la ferme de Monsieur Edmond Pairault, étaient parties en fumée. L’abandon de la machine à vapeur qui fonctionnait au bois et au charbon, jugée trop dangereuse à cause des étincelles, avait été décidé par l’association. Pour faire tourner la batteuse, le choix s’était porté sur une nouvelle énergie, l’électricité.
      Des lignes reliées à un transformateur mobile avaient été tirées chez les adhérents, parfois une, pour deux fermes très proches. Ce transformateur était déplacé par un cheval de poste en poste. Ce matériel était conduit et installé par les frères Louis et André Fouchier de la Gravette. Pendant le reste de l’annéz, le transformateur spécial était entreposé chez eux, dans un grand placard en fer, situé dans un bâtiment d’exploitation.

       
      2-      Découverte de la radio clandestine de l’Hermitain

      À la période des battages 44, les Fouchier ayant été déportés par les Allemands le 18 avril, j’ai été chargé de les remplacer. J’ai cherché à la maison Fouchier de la Gravette, la clé du fameux placard au transformateur, elle était introuvable ! Mon père, président de l’association, est donc allé à Niort expliquer la situation au directeur des Services d’Électricité des Deux-Sèvres. Ce dernier a donné exceptionnellement, une clé de secours pour accéder au transformateur.
      Tout un matériel radio, postes émetteur et récepteur importants pour l’information clandestine des Résistants. Il y avait également beaucoup de dossiers et documents. Cela n’avait rien à voir avec les postes-radios que nous avions dans les maisons !... Les Allemands n’avaient donc rien trouvé et la famille avait été probablement emmenée sur dénonciation.
      Monsieur Merlet a tout emporté.

      Témoignage oral recueilli par Annette LEMMET DESVIGNES à Niort le 12/02/2025   auprès de Gisèle BOUCHON épouse COUTABLE, née en 1933 et résidant pendant la guerre à la ferme de la Baudouelle, commune de PRAILLES.

       
       
      « Mon père Emile BOUCHON et son frère MARCEL partaient avec la voiture à cheval, la nuit.  Je ne peux pas préciser le rythme.  Ils emmenaient des sacs de grains  à la minoterie BELLOT à Ricou et ramenaient de la farine. J'ignore les quantités, mais il est  probable que les rations des praillais s'en sont trouvées plus grosses.
       Je date ces évènements à partir des années 1942.  
       
        Je me souviens aussi d'un enfant, Claude BOUYARD ou BROUILLARD, qui était réfugié chez Alexandre BOUCHON à Barbin. Cétait la première maison en arrivant sur la gauche,
       voisin des TACHERON et en face des ARNAUD.Je ne me souviens pas de « la parisienne » mais si elle habitait chez les Blasco, ceux-ci demeuraient à Argentière en face de la mare et du lavoir. Quand ils sortaient de leur maison, à gauche il y avait l'épicerie de MME POUGNARD et à droite la boulangerie BOUHIER
       
        Après guerre, nous avons su que l'oncle Paul BOUCHON, qui habitait à quelques centaines de mètres de la Gravette, à  Bois Pineau, commune  de SOUVIGNE, appartenait au réseau ZERO FRANCE.
        Le 18 avril 1944, il a été prévenu de la rafle,  par quelqu'un qui est venu en vélo, j'ignore qui.  Il est parti se cacher dans la forêt de l'Hermitain. Il y est resté environ une journée. »